Née à Paris en 1997, Laura Tolen est une artiste plasticienne franco-camerounaise. Elle grandit à Douala, au Cameroun, avant d'intégrer les Beaux-Arts de Paris, dont elle sort diplômée en 2020.

Laura Tolen travaille principalement sur la construction et la transmission de la mémoire, et le rôle qu'elle joue dans les relations intergénérationnelles au sein de la famille. À partir de vieilles photos de famille, elle reconstruit à travers ses œuvres une histoire familiale mi-réelle, mi-fictive en faisant exister au même moment et au même endroit différentes générations qui, en réalité, ne se sont jamais rencontrées.

Cette recomposition des souvenirs et des événements passés permet également de s'interroger sur l'objectivité et la véracité de nos mémoires, altérées par les histoires familiales. Ainsi, les sujets des œuvres de Laura Tolen ne sont pas représentés dans leur complexité objective, ils sont le reflet de ce que les générations qui l'ont précédée souhaitent transmettre - et de ce qu'elles souhaitent taire.

C'est aussi l'occasion pour l'artiste de (re)découvrir son histoire et celle de sa famille, car la plupart des événements représentés ayant eu lieu lorsqu'elle était très jeune ou avant sa naissance, elle n'en a aucun souvenir. Elle les découvre comme le ferait un étranger, et est donc à la fois actrice et spectatrice de sa propre vie, à la fois membre de cette famille et étrangère à celle-ci.

À travers son travail, Laura Tolen interroge également la place de l'enfant en tant que sujet passif. Dès son plus jeune âge, l'enfant apprend à poser pour les adultes : l'enfant représenté sur les photos de famille ne se comporte pas de la même manière devant l'appareil photo que dans la vie de tous les jours, il joue le rôle du bon enfant que l'on attend de lui, et il n'est pas maître de la manière dont il est représenté. Dans ses œuvres, l'artiste repositionne l'enfant au centre de la narration familiale.

Ses œuvres sont donc une manière de se réapproprier les histoires familiales, de ne plus être un sujet passif mais de devenir, au contraire, un narrateur.